Face au manque criant de médecins urgentistes, une kyrielle d’hôpitaux publics bretons, à Carhaix (29), Pontivy (56), Guingamp (22), Redon (35), etc. ont été contraints de mettre en place, ces derniers mois, un accès régulé à leur service d’urgences durant la nuit. En pratique, un patient souhaitant être soigné doit appeler le 15 et suivre les consignes du médecin du Samu, comme attendre la réouverture des urgences, le lendemain matin, ou se rendre – ou être conduit – vers un autre hôpital, souvent à plus de 50 km de chez lui.
Car ce fonctionnement en « mode dégradé » des urgences n’est pas sans conséquence pour la prise en charge des malades. À l’hôpital de Redon, où le service a été régulé la nuit pendant près d’un an, des patients locaux ont été transférés jusqu’aux hôpitaux de Vannes, Rennes, Saint-Nazaire (44), etc. « Cela a généré des couacs », relève Sylvie Roulet, infirmière aux urgences et secrétaire adjointe de la section CFDT de l’hôpital bretillien. « Des patients, conduits par les pompiers jusque dans notre sas d’entrée, pouvaient attendre très longtemps qu’une ambulance vienne pour les transférer vers un autre hôpital. On était même obligés de s’occuper de personnes qui n’allaient pas bien », se souvient-elle. « La régulation entraîne un véritable parcours du combattant pour les patients qui viennent de centres hospitaliers éloignés », confirme le Dr Christian Brice, urgentiste à l’hôpital de Saint-Brieuc et délégué régional de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf). Et d’évoquer ces personnes soignées qui doivent ensuite attendre jusqu’au lendemain matin que des ambulances privées, indisponibles la nuit, arrivent afin de les ramener à leur domicile.
Au Centre hospitalier du Centre-Bretagne, à Noyal-Pontivy (56), où le chef des urgences a démissionné à l’automne dernier, la direction estime, néanmoins, que « des échanges quotidiens entre l’équipe médicale et les Samu garantissent un parcours et une prise en charge adaptés aux patients », alors qu’un principe de régulation nocturne a été acté jusqu’au 31 janvier.
Être soigné loin de ses proches
Cette régulation des urgences occasionne également un « éloignement familial problématique », selon le Dr Christian Brice : « Des familles sont souvent catastrophées d’être à 60-70 km de leur parent hospitalisé », note l’urgentiste briochin. Du côté de Carhaix, où les urgences sont aujourd’hui régulées 24 heures sur 24, malgré un protocole de sortie de crise signé en octobre, on dit connaître ce problème d’éloignement et « avoir beaucoup travaillé pour le résoudre » : « Une fois que l’urgence est traitée et la situation stabilisée, les patients carhaisiens transférés à Brest sont désormais, pour la plupart, hospitalisés à Carhaix, au plus près de chez eux », assure le Pr Éric Stindel, président de la Commission médicale d‘établissement (CME) du CHRU de Brest-Carhaix.
De plus gros hôpitaux, comme celui de Saint-Brieuc, subissent, eux aussi, les effets des régulations des petits hôpitaux périphériques et des transferts de patients : « Cela entraîne une augmentation de l’activité chez nous, surtout de nuit, alors qu’il nous manque cinq postes de médecins en équivalent temps plein entre les urgences et le Samu », observe Christian Brice.
« Pas de données qui montrent qu’il y a eu des catastrophes »
Cette régulation et l’allongement du délai de prise en charge des patients entraîne-t-elle une dégradation des soins ? « Lors d’un rassemblement à Carhaix, deux personnes ont pris la parole pour pointer du doigt la responsabilité de la fermeture des urgences pour expliquer le décès d’un proche », affirme Matthieu Guillemot, porte-parole du comité de vigilance de l’hôpital de Carhaix. Des accusations que balaie Éric Stindel : « Pour être objectif, aujourd’hui, nous n’avons pas de données qui montrent que la régulation a dégradé la qualité des soins ou qu’il y a eu des catastrophes ».
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