Souvent accolés aux petites communes rurales, voire à celles du littoral, les campings de proximité ont-ils encore un avenir ? La Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air s’en inquiète au plus haut point. « Il faut stopper la disparition des campings français », tonne son président, Nicolas Dayot, qui dirige lui-même deux campings, dans le Finistère et dans le Morbihan. Avec le soutien financier de la Banque des territoires, la fédération a lancé une étude confiée au cabinet Alliances dont les premières conclusions montrent qu’en une dizaine d’années, le parc français a perdu 300.000 emplacements.
Les premiers touchés sont les petits campings, qui disposent chacun de moins de 60 emplacements et sont principalement gérés par les collectivités locales . Il en existe encore près de 3.000. Mais ils ne sont pas toujours assez rentables pour réaliser, quand cela s’impose, les travaux de mise aux normes. Conséquence : les maires sont tentés de répondre favorablement aux sollicitations des promoteurs attirés par ces espaces fonciers quand ils sont bien situés, notamment sur le littoral.
Désengagement
En Ille-et-Vilaine, Saint-Malo a prévu de céder le camping municipal des Nielles – avec vue imprenable sur la mer -, au prix de plus de 7,6 millions d’euros. Au profit du groupe Raulic, qui veut y construire un ensemble hôtelier et de thalassothérapie. Mamers, dans la Sarthe, s’est aussi désengagée de son camping municipal, tous les ans déficitaire. Mais le PLU précisait que l’hectare de cet établissement ne pouvait pas avoir d’autres destinations que des activités de tourisme de loisirs et plein air.
Le vrai camping est en réel danger.
Olivier Lemercier Propriétaire d’un camping à Briançon, dans les Hautes-Alpes
Il a donc été repris par le propriétaire d’un autre camping situé à Bellême, dans l’Orne. « Nous démarrons la première saison du camping de Mamers, désormais sous le nom des Portes du Perche. Il sera ouvert jusqu’au 31 octobre », indique Louis Beulay, son tout nouvel actionnaire. Il vient d’ajouter trois mobil-homes sur la quarantaine d’emplacements existants et évoque un projet d’hôtellerie, toujours dans les mobil-homes.
« Le vrai camping »
Pour Nicolas Dayot, sauver ces petits campings passera par « des diversifications dans l’insolite », notamment en les encourageant, par exemple, à créer des cabanes dans les arbres afin d’attirer une nouvelle clientèle. Mais quoi qu’il en soit, « le vrai camping est en réel danger », alerte Olivier Lemercier. Propriétaire d’un établissement situé à Briançon, dans les Hautes-Alpes, il a lancé en février une pétition sur Internet, justement nommée « sauvons le vrai camping ». Elle a déjà rassemblé plus de 30.000 signatures de professionnels et adeptes du tourisme de plein air, qui voient fondre les emplacements pour tentes alors que se renforcent les installations de mobil-homes et d’espaces dédiés aux camping-caristes .
« Près de 10 % des 7.569 campings sont d’ores et déjà dédiés uniquement aux mobil-homes », regrette Olivier Lemercier, qui en appelle aux pouvoirs publics pour tenter de freiner l’hémorragie : « Si on ne fait rien, dans quinze ans, il n’y aura plus aucun emplacement dédié aux campeurs. » Face aux difficultés rencontrées par les cyclistes itinérants qui ont de plus en plus de mal à planter leurs tentes, la fédération française du cyclotourisme soutient cette initiative, qui met en exergue le poids grandissant des fonds d’investissement dans l’alléchant tourisme de plein air. Dans son étude sur la filière, le cabinet Xerfi a fait ses comptes. Il y a 30 ans, « le chiffre d’affaires des campings était de 800 millions d’euros, contre 3 milliards d’euros aujourd’hui ».
Une manne qui continue de s’étoffer avec 136 millions de nuitées en 2022, contre 112 millions un an plus tôt, sachant qu’il devient quasiment impossible de créer de nouveaux campings compte tenu des exigences urbanistiques et d’un arsenal de normes. « Seulement deux à trois voient le jour chaque année », précise Nicolas Dayot.
Des fonds à l’offensive
D’où l’appétit d’opérateurs comme l’entreprise Sandaya, qui multiplie les acquisitions. Cette filiale du groupe Acapace dont le principal actionnaire est le fonds Infravia Capital Partners détient 41 campings, dont celui de Ploemeur (Morbihan), repris il y a seulement quelques semaines. Sandaya prévoit cette année 85 millions d’euros d’investissements dans son réseau, qui devrait rapidement doubler de taille. En 2024, la société affiche son intention de « reprendre 50 établissements supplémentaires ».
Sur fond d’appétence croissante du public pour les espaces naturels – renforcée par la crise du Covid – et de baisse du pouvoir d’achat, le tourisme de plein air a encore de beaux jours devant lui. Les nuitées dans les campings devraient augmenter de « 20 % cette année », se projette Nicolas Dayot, détaillant : « S’il est prévu une croissance de 17 % pour la fréquentation des mobil-homes, celle des emplacements pour campeurs devrait faire un bond de 30 %. » Tous campings confondus, 440.000 emplacements sur 860.000 sont encore réservés aux adeptes de la toile.
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