Installé depuis juin 2023, dans la zone commerciale de Cap Malo, au nord de Rennes, un magasin éphémère de vente de meubles est dans le viseur de la répression des fraudes. Selon nos informations, une enquête a été ouverte par le parquet de Rennes après plusieurs signalements de clients se plaignant de pratiques commerciales trompeuses.
« Une des plaintes a été faite par une personne très âgée avec peu de moyens qui est ressortie du magasin après avoir payé 8 000 € pour un matelas et un sommier », indique Virshna Heng, directeur adjoint de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) en Ille-et-Vilaine. « En réalité, cette literie valait 500 €. Ce sont des pratiques sans état d‘âme pour les victimes ».
Interrogé par Le Télégramme, le Procureur de la République Philippe Astruc confirme la procédure en cours. « Cet établissement est ouvert pour le compte d’une société d’ameublement siégeant à Bordeaux, qui a déjà ouvert et fermé plusieurs établissements secondaires depuis 2022 sur l‘ensemble du territoire national. Le service Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes de la DDPP d’Ille-et-Vilaine a contrôlé ce magasin. Les manquements constatés nécessitant des investigations complémentaires, une enquête est en cours ».
Prix gonflés
Une société éphémère de vente de meuble dans l’œil des autorités… ce n’est pas une première. « C’est un processus extrêmement rodé qui existe depuis des années », souligne Virshna Heng. « Les sociétés s’installent quelques mois dans des locaux vides et mettent en place un système de vente agressif qui vise souvent des gens âgés ».
Ce ne sont pas des amateurs
La technique consiste à appâter une personne via des appels téléphoniques ou des flyers distribués dans sa boîte aux lettres. Avec la promesse de recevoir un cadeau, de participer à une loterie ou de bénéficier d’un incroyable rabais, le client se rend dans le magasin et tombe sur des vendeurs rompus à des techniques de ventes agressives. Ces rois de la « tchatche » l’incitent alors à l’achat en lui présentant des produits à prix bradés. Sauf que ces derniers sont en réalité fortement gonflés. Au final, le client se retrouve souvent à acheter au prix fort un meuble dont il n’avait même pas forcément besoin au départ.
Non-respect du délai de rétractation
Après avoir réglé en caisse, la société propose à l’acheteur de lui livrer le meuble le jour même et indique qu’elle peut lui reprendre gratuitement l’ancien mobilier – tout en lui précisant que toute rétractation sera alors impossible. Encore une fois, la pratique est illégale. La loi précise que le délai de rétractation s’élève à 14 jours après l’achat.
Pour les auteurs de ce type de vente, le business est en tout cas extrêmement juteux. « Certains ont fait fortune en ouvrant ces magasins, ce ne sont pas des amateurs », souffle Virshna Heng. « Pour échapper aux poursuites, ils changent la raison sociale de l’établissement ou alors ils déménagent en gardant les mêmes équipes de vendeurs. Ça prend du temps pour démontrer tout ça au pénal. Ces entreprises bénéficient de la lenteur de l’instruction des dossiers ».
Autre astuce développée par ces sociétés éphémères d’ameublement pour échapper aux poursuites : faire appel à des « gérants de paille ». « On a déjà eu, sur une précédente affaire, un gérant qui était au RSA », relate le directeur adjoint de la DDPP 35. « Ils avaient été le trouver dans la rue et lui avaient proposé une grosse somme pour endosser la responsabilité pénale en cas de condamnation ».
Impossible de contacter la société
Dans la zone commerciale Cap Malo, les autres commerçants sont démunis face à de telles pratiques. « On voit passer régulièrement des personnes âgées qui viennent nous demander où se situe leur boutique », confie un responsable de magasin. « Certains débarquent même parfois de Saint-Malo ou Dinan persuadés de venir faire une bonne affaire pour un canapé ou un lit. Je dis aux gens de se méfier, ça fait mal au cœur de voir ça ».
Et pour ce qui est de contacter les dirigeants du magasin incriminé, c’est mission impossible. Sur Internet : aucune trace de l’existence de la boutique. Sur place, où nous nous sommes rendus : pas un seul employé n’a accepté de répondre à nos questions. Il n’a même pas été possible d’obtenir le contact du gérant.
Alors que le bail temporaire de ce magasin doit arriver à terme dans les prochains jours, la préfecture d’Ille-et-Vilaine veut continuer à lutter contre ces pratiques commerciales qui flirtent avec la légalité. Une communication a d’ailleurs été publiée sur les réseaux sociaux ces derniers jours. « Tout consommateur s’estimant victime de ces pratiques peut contacter le service concurrence consommation et répression des fraudes de la DDPP d’Ille-et-Vilaine par téléphone au 02 99 29 76 00 ou par mail au ddpp-ccrf@ille-et-vilaine.gouv.fr ».
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