Pesticides dans l’eau du robinet : comment lire les données des analyses menées dans chaque commune

Jeudi 28 mars 2024 19:30

photo le ministère de la santé publie sur son site internet le résultat des analyses menées régulièrement sur l’eau du robinet dans toute la france. photo d’illustration. 4

Le ministère de la Santé publie sur son site Internet le résultat des analyses menées régulièrement sur l’eau du robinet dans toute la France. Photo d’illustration. © GUILLAUME SALIGOT / OUEST-FRANCE

Sur son site, le ministère de la Santé affiche les résultats des analyses régulières menées dans toute la France. Comment interpréter ces données ? Où les trouver, et sont-elles fiables ? On fait le point.

Dans le thé et le café, dans le riz, les pâtes et dans nos verres. On la boit, on la fait bouillir, on la filtre parfois. L’eau du robinet, même pour ceux qui lui préfèrent sa cousine en bouteille, est incontournable au quotidien. Mais alors que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) a relevé la présence dans l’eau du robinet en France de traces de résidus d’un pesticide interdit en 2019, comment faire confiance à ce qui coule dans nos éviers ?

Le ministère de la Santé met à disposition sur son site les données des relevés effectués régulièrement dans toute la France. Il est possible d’y trouver le détail des relevés des analyses effectuées, commune par commune. Mais pas toujours facile de décoder les valeurs affichées dans ces listes de molécules aux noms scientifiques souvent obscurs pour le commun des mortels.

Dans un article mis en ligne le 15 mars, Ouest-France a relayé le cri d’alerte d’un homme qui, après avoir consulté les résultats des analyses relatives à sa commune, dénonçait la présence de plus de 200 molécules issues de pesticides dans son eau du robinet. Après avoir été interpellés par des lecteurs à ce sujet, nous avons conclu qu’on ne pouvait effectivement pas établir la présence de ces résidus de pesticides selon les données du ministère de la Santé. Nous avons donc décidé de retirer cet article de notre site.

C’est aussi l’occasion d’indiquer à nos lecteurs comment interpréter au mieux ces données. Où les trouver, sont-elles fiables ? On fait le point.

Comment consulter les données ?

Selon le code de Santé publique, le maire est tenu d’afficher dans sa mairie les résultats des analyses dès réception par le préfet. Elles sont également rassemblées sur le site du ministère de la Santé.

photo le site du ministère de la santé propose de consulter les relevés d’eau du robinet partout en france. il faut commencer par cliquer sur la région pour accéder aux données de la localité souhaitée. © capture d’écran ministère de la santé

Le site du ministère de la Santé propose de consulter les relevés d’eau du robinet partout en France. Il faut commencer par cliquer sur la région pour accéder aux données de la localité souhaitée. Capture d’écran ministère de la Santé

Pour y consulter le résultat des prélèvements relatifs à sa localité, il faut cliquer sur la région souhaitée, puis sélectionner le département et la commune. Apparaît alors un tableau listant des composants chimiques ainsi que leur valeur. Pour chacun d’entre eux est affichée une limite ou une référence de qualité. En cliquant sur « bulletin précédent », il est possible de consulter les données des relevés antérieurs. À noter que certains relevés présentent de nombreuses molécules testées, tandis que d’autres sont assez succincts.

D’où viennent ces données ?

Les Agences régionales de santé (ARS) sont chargées d’effectuer des prélèvements selon un calendrier prévu par les directives européennes, retranscrites en France dans le Code de la santé publique. Leur fréquence n’est pas la même partout : s’ils sont presque quotidiens dans les grandes villes, ils peuvent être effectués trois ou quatre fois par an dans une petite commune. Les prélèvements sont ensuite confiés à des laboratoires agréés pour être analysés.

photo un exemple de recherche sur le site gouvernemental. ici, un prélèvement effectué à chantepie (ille-et-vilaine) le 21 mars 2024. © capture d’écran du site du ministère de la santé

Un exemple de recherche sur le site gouvernemental. Ici, un prélèvement effectué à Chantepie (Ille-et-Vilaine) le 21 mars 2024. Capture d’écran du site du ministère de la Santé

Plus de 325 000 prélèvements d’échantillons d’eau conduisant au recueil de plus de 18 millions de résultats analytiques ont ainsi été effectués en 2022 selon une synthèse publiée en décembre 2023 par le ministère de la Santé.

Comment interpréter les valeurs ?

Première constatation lorsqu’on déroule la liste des « paramètres » testés : peu d’entre eux ont une valeur de 0. De nombreuses molécules sont par exemple affichées avec une valeur à moins de 0,020 microgramme par litre. Cela ne veut pas dire pour autant qu’on a détecté la présence des molécules en question. « Cela correspond aux limites de détection des laboratoires », explique à Ouest-France Yves Lévi, professeur émérite en santé publique à la faculté de pharmacie de l’Université Paris-Saclay. « Les laboratoires sont agréés justement parce que leurs capacités de détection sont les meilleures du moment », précise-t-il.

photo les résultats des analyses menées sur un prélèvement effectué à chantepie le 21 mars dernier. © capture d’écran ministère de la santé

Les résultats des analyses menées sur un prélèvement effectué à Chantepie le 21 mars dernier. Capture d’écran ministère de la Santé

Sur la droite, le tableau affiche des valeurs réparties dans deux colonnes : référence de qualité et limite de qualité. « Les références de qualité concernent des paramètres qui ne sont pas à proprement parler sanitaires, comme la température de l’eau, ou la teneur en fer », affirme Yves Lévi. Les limites de qualité, elles, sont relatives « aux paramètres potentiellement toxiques, comme les pesticides. Elles sont donc plus strictes », poursuit-il.

En clair, et conformément aux usages, le chiffre qui apparaît précédé du symbole « inférieur ou égal » indique simplement que la valeur réelle est inférieure à la limite de détection ou de quantification. Parce qu’on ne peut pas affirmer une absence avec certitude, on ne peut pas davantage en déduire que le composant en question est présent.

Mais que faire si l’on constate le dépassement d’une limite de qualité ? « Tout dépassement est une alerte. Mais si on est à 0,15 au lieu de 0,1, il n’y a pas lieu de s’affoler », indique le scientifique. Si une valeur est anormale, l’ARS procède à un second prélèvement et met en place des actions en fonction de la cause et de la gravité du dépassement. « Il peut y avoir un paramètre difficile à traiter, qui nécessite par exemple la construction d’une usine pour traiter l’eau. Les directives européennes prévoient des dérogations pour laisser le temps aux autorités de régler le problème. Si un dépassement extrême est confirmé, le maire ou le préfet peut décider de distribuer de l’eau en bouteille aux habitants de la région. »

Faut-il faire confiance à l’eau du robinet ?

Selon le ministère de la Santé, 84,6 % de la population a été alimentée en permanence par de l’eau respectant les limites de qualité réglementaires pour les pesticides en 2022. À 94,1 % en 2020, ce taux a chuté en 2021 en raison de molécules probablement présentes dans les eaux depuis de nombreuses années mais dont la recherche s’est généralisée.

« On parle beaucoup de la pollution agricole mais, à ma connaissance, on ne cherche pas les molécules issues des médicaments, des cosmétiques, ou les polluants éternels », affirme Mickaël Derangeon, chercheur en neurophysiologie à l’Université de Nantes, vice-président chargé de la sécurité sanitaire à Atlantic’eau, le syndicat départemental d’alimentation en eau potable de Loire-Atlantique.

Pour autant, selon lui, il faut se questionner sur sa consommation de manière plus globale. « Les gens sont inquiets, et à juste titre car il ne doit pas y avoir de polluants dans l’eau, mais si on compare avec les légumes, les seuils sont beaucoup plus élevés. L’eau reste l’aliment le plus contrôlé », relève-t-il.

Pour Yves Lévi, il n’y a pas de raison d’éviter l’eau du robinet : « En France métropolitaine, je bois de l’eau partout sans inquiétude.  L’Anses a montré que l’eau ne représente en moyenne que 10 % de notre exposition totale aux pesticides, le reste vient de l’alimentation. »

Pierre MOREL.    Ouest-France  

  • merci d’indiquer un titre’

    <!–

    merci d’indiquer un titre ‘

    –>

    • Choisir un resto :
    merci d’indiquer un nom de restaurant

    merci de saisir l’adresse du restaurant

    merci de saisir la ville du restaurant


    • Choisir un bar :
    merci d’indiquer un nom de bar

    merci de saisir l’adresse du bar

    merci de saisir la ville du bar

    merci d’indiquer un titre à votre avis


  • <!––>
  • Vos données personnelles font l’objet d’un traitement informatique par la société Additi Multimedia, sur le fondement de l’exécution d’un contrat et sont utilisées notamment pour prendre en compte, modérer et répondre à vos commentaires sur les contenus mis en ligne sur le site. Elles seront conservées conformément à notre politique de données personnelles, sauf dispositions légales particulières. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’opposition, de limitation et de portabilité, en vous adressant directement à pdp@sipa.ouest-france.fr ou par courrier à « Délégué à la Protection des Données Personnelles SIPA Additi Multimedia – ZI Rennes Sud-Est,– 10 rue du Breil – 35051 Rennes cedex 9 ». Vous avez également le droit d’introduire une réclamation auprès de la CNIL. En savoir plus


Newsletter maville

Abonnez-vous à la newsletter – Les Sables d’Olonne

Votre e-mail, avec votre consentement, est utilisé par la société Additi Multimedia pour recevoir les newsletters sélectionnées. En savoir plus

Exprimez-vous !

Débat : selon vous, quel est le plus beau village de France ? 8

L’info en continu

Quiz et jeux

Retour en haut

window.onload = function() { H5F.setup(jQuery(‘.elmt-liste-form’)); H5F.setup(jQuery(‘#recherche’)); H5F.setup(jQuery(‘.elmt-news form’)); };
Cet article, qui traite du thème « Ille-et-Vilaine numérique », vous est délibérément offert par web-ille-et-vilaine.com. La raison d’être de web-ille-et-vilaine.com est de parler de Ille-et-Vilaine numérique dans la transparence la plus générale en vous procurant la visibilité de tout ce qui est publié sur ce sujet sur le web La chronique a été générée de la manière la plus honnête que possible. S’il advenait que vous projetez d’apporter quelques notes concernant le domaine de « Ille-et-Vilaine numérique » vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans peu de temps, on mettra en ligne d’autres informations pertinentes autour du sujet « Ille-et-Vilaine numérique ». Ainsi, consultez régulièrement notre site.