Médecins généralistes, ils racontent pourquoi ils augmentent leurs tarifs

Médecins généralistes, ils racontent pourquoi ils augmentent leurs tarifs – Capital.fr


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Médecins généralistes, ils racontent pourquoi ils augmentent leurs tarifs
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TÉMOIGNAGES – Désabusés par l’inflation et les propositions de loi coercitives, de plus en plus de médecins généralistes augmentent leurs tarifs de consultation à 30 euros et au-delà.

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À partir du 12 juin, Olivier Leroy facturera ses consultations cinq euros de plus que d’habitude à ses patients. Médecin généraliste de 41 ans installé à Angers depuis 11 ans, il ne voit pas d’autre solution pour sonner l’alarme sur l’état de santé de la médecine libérale. “Les manifs et les grèves n’ont rien changé. Quand on n’arrive pas à se faire entendre, on trouve des moyens borderline”, lâche-t-il. Après les maigres revalorisations tarifaires, de l’ordre de 1,50 euro, décidées pour l’automne, plusieurs textes de loi dégainés par les parlementaires pour lutter contre la désertification médicale jettent de l’huile sur le feu. Alors, de plus en plus de médecins désespérés en viennent à enfreindre les règles de la Sécu.

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“On a choisi de relever le montant de nos honoraires le 12 juin car c’est le début de l’examen en séance publique de la loi Valletoux”, souffle Olivier Leroy, qui a monté un collectif de près de 400 médecins dont 350 généralistes du Maine-et-Loire, tous prêts à facturer plus cher leurs consultations à leurs patients. Les médecins reprochent au texte porté par le député Horizons de Seine-et-Marne d’être trop coercitif. Car il rétablit notamment l’obligation des gardes, voire impose un préavis de six mois aux médecins qui souhaitent cesser leur activité ou prendre leur retraite.

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En Bretagne aussi, les généralistes se rebellent. Yann Collet, 37 ans, fera payer 30 euros ses consultations à partir du 12 juin. “J’espère que mes patients comprendront. Mais j’en ai déjà qui m’ont dit ‘26,50 euros, docteur, c’est quand même se moquer de vous’ quand ils ont appris dans les médias le nouveau tarif prévu à l’automne par le règlement arbitral”. Installé depuis cinq ans à Saint-Méloir-des-Ondes, près de Rennes, ce jeune généraliste s’inquiète de la viabilité à court terme de son cabinet médical, qu’il partage avec trois autres docteurs. “C’est comme une entreprise avec des charges qui ont augmenté sous l’effet de l’inflation, soupire-t-il. J’ai des confrères près de chez moi qui ont dû augmenter de 20% leur activité en raison d’une demande de soins accrue. Mais s’ils ne l’avaient pas, ils n’auraient pas pu maintenir le poste de leur secrétaire. Quand ils ont commencé, ils étaient huit médecins avec trois secrétaires, aujourd’hui ils n’en ont plus qu’une”, raconte-t-il. Au moins une centaine de médecins devraient donc pratiquer des dépassements sauvages en Ille-et-Vilaine. “Selon la complexité des cas, certains monteront leurs tarifs à 35, voire 40 euros”, prévient Yann Collet.

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Vers une fuite des médecins

Malgré son jeune âge en tant que médecin, Yann Collet songe déjà à la reconversion. “Quand je me suis installé, naïvement, j’étais convaincu de faire toute ma carrière ici pendant 30 ans. Et cette année, avec l’échec des négociations conventionnelles entre les syndicats et l’Assurance maladie, c’est la première fois que j’y pense”, confie-t-il.

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S’il a encore envie de se battre pour “sauver la médecine libérale et généraliste” en France, Mélanie Gerbeaux, elle, réfléchit à l’expatriation. Médecin généraliste installée à Signy-le-Petit depuis 2015, elle a déjà relevé le tarif de sa consultation à 30 euros. “Je fais partie d’un collectif de plus de 70 médecins dans les Ardennes. On s’est réuni mi-mai à la réception de nos bilans comptables et on s’est aperçu que nos charges ont bondi de 20% entre 2021 et 2022, avec un chiffre d’affaires identique, raconte-t-elle. Certes, on ne fait pas partie des métiers les plus précaires, mais à quoi bon se tuer à la tâche 60 heures par semaine, faire des gardes le week-end et ne pas voir grandir nos enfants ?”

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Alors, si les pouvoirs publics ne bougent pas d’un iota, Mélanie Gerbeaux est prête à jeter l’éponge : “Je pense que je me reconvertirai, je ferai autre chose de ma vie ou j’exercerai la médecine à l’étranger. Mais si j’en arrive là, ce sera avec de la frustration. J’arrête de cautionner ce système de santé au détriment de ma vie. Le soir, je ne mange pas bien parce que je n’ai pas le temps, je ne fais pas de sport, pareil par manque de temps. En fait, ce que je préconise à mes patients, je ne me l’applique pas à moi-même.”

Des dépassements d’honoraires sauvages passibles de sanctions

Reste que les dépassements d’honoraires sauvages pratiqués en guise de protestation sont sanctionnables. Car les médecins généralistes sont majoritairement conventionnés en secteur 1 avec l’Assurance maladie. Ils sont donc tenus d’appliquer le tarif qui sert de base de remboursement, à savoir 25 euros. Et ce, que la consultation dure 5 à 10 minutes pour une angine ou 1 heure pour un patient atteint d’une affection longue durée (ALD). Contactée par Capital, la Caisse nationale de l’Assurance maladie (Cnam) déclare que “ces pratiques tarifaires – qui ne respectent pas la convention médicale – ne sont pas acceptables, et si certains médecins persistent dans cette voie, des sanctions sont prévues, allant de l’avertissement à la non prise en charge de leurs cotisations sociales par l’Assurance Maladie puis, dans les cas les plus extrêmes, au déconventionnement”.

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“Qu’ils nous virent !”, s’emporte Jean-Paul Hamon, médecin généraliste de 76 ans installé à Clamart, en région parisienne. Président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMR), c’est lui qui a lancé le mouvement des dépassements sauvages courant mai : “On est plusieurs à facturer 30 ou 35 euros nos consultations. Il y a un moment où les médecins ne craignent plus rien. On est tellement irrité et méprisé par les pouvoirs publics qu’on n’a pas peur.”

Excédés par l’attitude du gouvernement et du directeur de l’Assurance maladie, certains généralistes vont encore plus loin et franchissent l’étape du déconventionnement. Comme Alexia Michelin, médecin généraliste à Estissac, dans l’Aube, qui annonce sur son site internet pourquoi, le 1er juillet, elle rompra ses liens avec la Sécu et montera ses tarifs à 40, voire 60 euros dans certains cas. “Je ne me reconnais plus dans cette façon d’exercer mon métier qu’on impose aux médecins conventionnés en secteur 1 : travailler toujours plus, contrôler notre façon de travailler, prendre en charge plus de patients (6 patients par heure !), déléguer des actes à des personnes non compétentes. Tout cela en prônant l’accès aux soins au détriment de la qualité des soins”, écrit-elle sur son site.

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Au total, plus de 2.400 ont déjà rédigé leur lettre d’intention de déconventionnement, dans le cadre de l’opération menée par Jérôme Marty et son syndicat, l’Union française pour une médecine libre (UFML), pour faire trembler le gouvernement.

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