Elle est la victime collatérale d’une rencontre bancale. Inès (tous les prénoms ont été modifiés) est une enfant de 4 ans domiciliée en Ille-et-Vilaine. Depuis plusieurs mois, elle se retrouve au milieu d’un conflit ouvert entre son père et sa mère, aujourd’hui séparés mais pas encore divorcés. Longtemps laissée à la garde de sa maman, notamment pendant la détention provisoire de son père, la fillette vient d’être confiée à l’aide sociale à l’enfance. Sa mère, âgée de 43 ans et maman de six autres enfants, conteste fermement cette décision et a décidé de s’exprimer auprès de 20 Minutes pour plaider sa cause. Un dossier épineux que la justice rennaise a la lourde tâche de démêler.
« On m’a arraché ma fille. Je n’ai plus rien à perdre », résume d’emblée Agathe (prénom d’emprunt). La parole de cette femme est sincère, le ton est grave. Depuis des années, elle dénonce les menaces dont elle fait l’objet. Son témoignage est accablant mais se heurte à la réalité des faits. Toutes les plaintes qu’elle a pu déposer contre son ex-mari ont été classées sans suite avec le même motif : infraction insuffisamment caractérisée. Depuis sa rencontre sur Internet et son mariage avec Sélim (prénom d’emprunt) en Tunisie en 2017, cette mère de famille a vu son union se dégrader. « J’étais une proie facile, fragilisée par un premier divorce. Même pas un mois après notre retour en France, il a commencé à lever la main sur moi », assure la Bretonne.
« Ça part dans tous les sens »
Agathe a multiplié les dépôts de plainte pour violences conjugales, violences habituelles, destruction d’un bien ou dégradations. Des faits formellement contestés par l’avocate de son mari. « Il y a de multiples plaintes pour tout. Des dégradations, des violences, des viols. Ça part dans tous les sens. Mon client conteste toutes les accusations. Et jusqu’ici, la justice lui a toujours donné raison », défend Me Sabrina Baudet.
L’avocate de Sélim dit vrai. D’après le parquet de Rennes, toutes les plaintes déposées par Agathe ont été classées sans suite, comme environ 80 % des plaintes du même type en France. Seule une reste en attente et concerne des faits de « viols par conjoint » et « violences habituelles ». Des actes pour lesquels Sélim a effectué dix-huit mois de détention provisoire, avant d’être libéré en 2020. « Le 1er mars 2024, le parquet au terme d’un réquisitoire définitif de près de 40 pages a requis un non-lieu à suivre, les charges apparaissant insuffisantes pour un renvoi devant la juridiction de jugement. La décision appartient désormais au magistrat instructeur », précise le procureur de la République Philippe Astruc. Le magistrat connaît bien le dossier. Sa juridiction a par ailleurs octroyé à la mère de famille un téléphone grave danger et une ordonnance de protection.
L’avocate du père dénonce « un acharnement »
Les faits de viols qu’elle dit avoir subis ne sont pas les seuls à être dénoncés par Agathe. D’après la mère qui a porté plainte depuis, Sélim aurait violé sa fille lors d’une entrevue médiatisée en octobre 2022. La seule à laquelle elle avait accepté de présenter sa fille. « C’est tout simplement impossible », assure l’avocate du père, qui dénonce « un acharnement ». « Tout ce que mon client souhaite, c’est de pouvoir voir sa fille et qu’elle soit bien. »
Craignant que son enfant ne soit victime de violences, sa mère refusait de présenter Inès à son père. Selon Me Baudet, la justice l’a plusieurs fois rappelée Agathe à l’ordre mais la mère de famille ne veut pas en entendre parler. Selon elle et à sa demande, plusieurs spécialistes ayant observé Inès ont décelé des comportements inquiétants. Un examen médical réalisé un mois après l’entretien médiatisé a laissé entrevoir la possibilité que l’enfant de 4 ans ne soit plus vierge. Mais l’observation n’a pas pu être confirmée, l’enfant ne supportant pas que l’on s’approche de « la sphère génito-anale », d’après les termes du dossier. Symptôme, selon sa mère, d’une agression sexuelle. Le problème, c’est que jamais l’enfant n’a été auditionnée.
« Je vis un véritable enfer »
La plainte du chef d’agression sexuelle incestueuse sur mineur par ascendant a, elle, « fait l’objet d’un classement sans suite le 16 mai 2023 au motif d’une infraction insuffisamment caractérisée », précise le parquet. Agathe espérait que les mots atroces qu’elle avait cru entendre sur l’enregistrement de la montre connectée portée par sa fille lors de la fameuse entrevue apporteraient des preuves. Cet enregistrement de mauvaise qualité, que 20 Minutes a pu écouter, n’apporte cependant aucune preuve des faits dénoncés. On en reste donc à une parole contre une autre parole. Dans leurs conclusions, les avocates d’Agathe rappellent pourtant les deux signalements « de mineur en danger » établis par une psychologue clinicienne membre de la cellule de victimologie. Un second psychologue s’est associé au second signalement, qui est venu s’ajouter à « une information préoccupante » transmise par la directrice d’école d’Inès.
Depuis ce jour de mai, l’enfant était maintenue au domicile de la mère. Suivie par des médecins, Inès semblait bien vivre la situation, entourée de sa mère et de ses demi-frères et sœurs. Mais lors d’une énième consultation, une médecin du centre hospitalier de Redon a transmis « une information préoccupante » évoquant « des difficultés observées dans la famille », selon le parquet. Elle a donc été retirée à sa mère et prise en charge par l’aide sociale à l’enfance « dans le seul but de la protéger », précise-t-on.
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Agathe, accablée par cette décision, vit très mal la séparation subie et a fait appel. « Je vis un véritable enfer », résume la maman, désemparée. Il appartient maintenant à un juge de décider du maintien ou non du placement de l’enfant. Et à une autre juge de décider des suites judiciaires à donner au dossier.
En France, environ 340.000 jeunes vivent « sous protection ». La moitié d’entre eux sont placés en foyers ou en familles d’accueil. Un système souvent décrit comme en grande difficulté et qui manque cruellement de moyens.
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