Aux portes de Fougères, à côté de champs, une industrie prend de plus en plus de place dans le paysage local, avec ses grandes tours métalliques visibles à des kilomètres. Cette industrie, c’est HTL (300 salariés, plus de 100 millions d’euros de CA en 2023), entreprise de biotechnologie spécialisée dans la fabrication de biopolymères innovants (polymères issus de la biomasse) de grade pharmaceutique (répondant aux standards de l’industrie pharmaceutique). La société, ancrée à Javené (Ille-et-Vilaine) depuis plus de trente ans, se développe sur une surface de production de 6,4 hectares avec huit bâtiments, dont trois unités de production. Et ce n’est pas fini. Elle vient de racheter le terrain de la société Rocher Coupé attenant, qui va lui permettre d’étendre encore son emprise foncière, en 2025. Sur une croissance à deux chiffres depuis des années et affichant des revenus trois fois plus importants qu’il y a dix ans, l’entreprise voit encore plus loin.
« Nous allons investir 100 millions d’euros à Javené sur les cinq prochaines années », prévient François Fournier, PDG d’HTL. Une annonce faite en décembre 2023 à l’occasion de la visite du préfet de la région Bretagne, Philippe Gustin.
Un procédé de fabrication par fermentation
Le nouveau plan d’investissement d’HTL répond au succès de son principal produit fini, l’acide hyaluronique de grade pharmaceutique, dédiée à des applications médicales en médecine esthétique (comblement dermique), rhumatologie (arthrose) ou ophtalmologie (cataracte, traitement du glaucome…). La biotech bretonne maîtrise la fabrication de cette matière première, essentielle à l’hydratation des tissus, depuis les années 1990. Elle se démarque de la concurrence par son savoir-faire dans l’obtention d’un « haut poids moléculaire » qui confère stabilité et efficacité à ses produits. Au départ, il fallait extraire des crêtes de coq pour fabriquer l’acide hyaluronique. C’était avant que Michèle Ranson, fondatrice d’HTL, ne réussisse à mettre au point un procédé par fermentation réalisé avec des bactéries. HTL est pionnier sur cette reproduction synthétique. « Très schématiquement, en stressant la bactérie, elle s’entoure d’une coque en acide hyaluronique. Puis, après plusieurs opérations, on obtient une fibre qui répond aux besoins du client », éclaire Nathalie Chevallon, directrice communication du groupe. La fibre sera ensuite utilisée par les laboratoires pharmaceutiques pour leurs différentes gammes de produits.
Médecine esthétique et applications thérapeutiques
La fabrication de ce principe actif par fermentation a permis à HTL de décupler la production. « Quand on a commencé en 2003, on fabriquait quelques kilos de biopolymères par an. Maintenant, on en fabrique plusieurs tonnes », témoigne Cyril Picault, directeur des opérations et ancien directeur de la production de la PME, de 2003 à 2018. La fabrication se fait dans de grandes salles blanches, qui répondent à des protocoles sanitaires très stricts. L’acide hyaluronique sert les besoins des acteurs de la santé dans le monde entier. « L’acide hyaluronique est une substance naturelle, nous en avons partout dans le corps », relève François Fournier, docteur en pharmacie de formation. Le produit fini va être utilisé pour prévenir le vieillissement de la peau ou pour soigner. « On pense souvent aux injections de type Botox en médecine esthétique, mais ça n’est pas que ça. Ça représente un marché thérapeutique très important. »
François Fournier, passé par le Texas (États-Unis) comme président de la filiale américaine du groupe niçois de médecine vétérinaire Virbac (367 M€ de CA), est arrivé aux commandes de l’ETI bretonne en septembre 2022. Il a le soutien du fonds anglo-saxon Montagu, actionnaire majoritaire d’HTL depuis février 2022. Le dirigeant a balisé avec le Codir une feuille de route sur plusieurs années. Elle vise à donner de nouveaux moyens à l’entreprise pour lui permettre de s’imposer comme le plus grand producteur d’acide hyaluronique au monde. « D’ici 2030, notre plateforme innovante de biopolymères bénéficiera à plus de 500 millions de patients souffrant de maladies oculaires, rhumatologiques et de vieillissement », prévient le groupe sur son site internet.
De nouveaux projets innovants en route
À Javené, le centre de gravité de l’entreprise, l’heure est donc aux grands travaux. Après avoir inauguré à la rentrée 2021 une unité de 4 500 m² (HTL 4) qui lui a coûté 50 millions d’euros, le groupe se projette sur une nouvelle infrastructure : HTL 8, une usine dédiée à la production d’ADN de sodium (produit à partir de laitance de saumon sauvage), prisée pour repulper la peau. « C’est le pilier de la stratégie sur les nouveaux biopolymères », informe Nathalie Chevallon. La nouvelle unité devrait être fonctionnelle en 2025, après la construction du bâtiment et la qualification du processus de validation par les autorités de santé. L’Agence nationale de sécurité du médicament en France (ANSM), et la Food and Drug Administration américaine (FDA) mènent des inspections régulières.
Sur l’année 2024, un nouveau laboratoire de recherche applicative verra aussi le jour. « L’ambition, c’est d’avoir une surface plus importante, de nouvelles technologies et de nouveaux équipements pour pouvoir renforcer notre pouvoir d’innovation et aller plus loin sur notre portefeuille de produits actuel. On travaille aussi beaucoup sur l’optimisation de notre process et le séquençage en informatique », pointe Anne-Laure Gaudry, responsable de l’innovation et de la R & D. HTL dispose d’un gros potentiel de développement dans les vaccins, sur l’encapsulation d’une nouvelle molécule traitante d’acide hyaluronique. En parallèle, elle s’est alliée au CNRS pour créer à Nantes le laboratoire Gelmecs, dédié au développement de solutions d’hydrogels pour la médecine régénératrice.
100 recrutements en 18 mois
Les grosses ambitions industrielles d’HTL ont conduit le groupe à embaucher une centaine de collaborateurs ces 18 derniers mois, au siège breton – essentiellement des agents de fabrication et des techniciens. HTL est aujourd’hui l’un des premiers employeurs de l’agglomération de Fougères. « On croît, on investit, on embauche, on n’a que des bonnes nouvelles », sourit le PDG. HTL n’a pas encore reçu d’aides publiques dans le cadre du plan France Relance. Les services de la préfecture de Bretagne se montrent prêts à aider la pépite fougeraise à bien se positionner sur de prochains dossiers de candidature, notamment sur le volet de la transition écologique. HTL a adhéré en 2022 au Pacte mondial des Nations unies, la plus grande initiative internationale de développement durable et de responsabilité sociétale des entreprises. Elle travaille à maîtriser ses rejets aqueux (eaux usées) et atmosphériques et développe actuellement une unité de recyclage de l’eau.
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