Le groupe Onyx ne faisait guère, jusqu’à présent, parler de lui dans la région de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) où il est implanté. Créé il y a trois ans, il revendique pourtant 125 salariés (et parfois plus) dont un certain nombre est réparti dans des supérettes rachetées ou créées dans différentes villes de France.
À sa tête, deux associés, Alexis Désilles, originaire de Bretagne et Laurent Castel. Deux jeunes hommes de 30 et 28 ans, « très attachés à la région », au point d’illustrer le site internet de leur groupe par une photo des remparts de Saint-Malo.
Une entreprise dans la tourmente
Mais aujourd’hui, le groupe est dans la tourmente. Le tribunal de commerce de Saint-Malo a prononcé la liquidation judiciaire de quatre de ses supérettes situées à Fougères, Evreux, Paris, Cognac), mercredi 6 décembre 2023.
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Huit autres (Alençon, Elbeuf, Issy-les-Moulineaux, Tulle, Blois, Nantes, Le Havre, Tours) sont placées en redressement judiciaire. Le franchiseur Monoprix et son franchisé, Onyx, se renvoient la balle sur les responsabilité de la dégringolade financière des 12 sociétés concernées.
Onyx n’est pas propriétaire du château
C’est en 2022 qu’Onyx a installé son siège social au château de Bonaban, à la Gouesnière, près de Saint-Malo avec la quinzaine de membres du personnel administratif.
Sur le site internet d’une de ses sociétés, le groupe prétend être propriétaire du château. C’est aussi le discours que nous tenait la chargée de communication d’Onyx contactée, il y a quelques jours, lorsque nous avons appris la mise en vente du domaine de Bonaban.
L’entreprise confirmait avoir mis en vente le château et expliquait que cela n’avait rien à voir avec les difficultés financières du groupe. Le passif des supérettes est d’au moins 6 millions d’euros.
Le ‘vrai’ propriétaire se manifeste
Mais à la suite d’un article paru, à ce sujet, dans le journal Le Pays Malouin du 7 décembre 2023, le ‘vrai’ propriétaire du château s’est manifesté. Avec un associé, Malouin comme lui, il explique avoir racheté le domaine de la Gouesnière, il y a deux ans.
« Nous voulions sauver Bonaban de l’oubli ».
L’édifice qui faisait l’objet de travaux avait, en effet, été laissé en plan par le groupe d’investisseurs qui l’avait acquis en 2013.
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Le projet d’une vingtaine d’appartements
Les deux nouveaux propriétaires avaient pour projet de créer « une vingtaine d’appartement dans le château de 2 000 m2, d’autres logements dans les dépendances et un lotissement dans un hameau de fermes du domaine », explique notre interlocuteur.
« Nous envisagions des logements de qualité mais abordables dans ce cadre extraordinaire. Nous avons travaillé le projet avec un architecte réputé. »
Quelques mois plus tard, « les associés d’Onyx sont venus à nous et se sont portés acquéreurs. Nous étions intéressés. Ils ont signé un compromis de vente », relate le copropriétaire.
Avant la signature définitive, Onyx a installé ses bureaux dans une dépendance de 225 m2 du château que le groupe a fait restaurer par une de ses sociétés, Ker Bati. Il en est locataire.
Onyx renonce à l’achat
Cependant, « en octobre dernier, Onyx nous a expliqué qu’il n’était plus en mesure de racheter le domaine », explique le propriétaire.
Celui-ci et son associé n’ont pas renoncé à leur projet initial d’appartements et de bureaux mais, « en raison de la crise immobilière, nous faisons une pause. Nous avons perdu deux ans. Nous nous ouvrons une porte en remettant en vente Bonaban ».
Des porteurs de projets sur les rangs
La propriété de 25 hectares, avec étang, dépendances, bois, etc. est mise à prix 2,95 millions d’euros mais peut être dissociée par lots.
Selon son propriétaire, « plusieurs investisseurs se disent intéressés et ont de beaux projets ».
Le PDG confiant pour Onyx
En attendant, Onyx reste sur place. Son PDG, Alexis Désilles, qui n’avait pas souhaité s’exprimer la semaine dernière, explique au Pays Malouin l’espoir qu’il fonde en son groupe malgré la bérézina des supérettes. Le groupe possède d’autres magasins sous l’enseigne Franprix (encore une franchise Monoprix), ainsi que d’autres commerces alimentaires (Les caves du Granit bleu, Mignonnettes.com) et sociétés qui, selon Alexis Désilles, ne seraient pas en péril ni impactées par cette situation inquiétante :
« Les 12 sociétés sont détenues par une autre entité, MDC Distribution dont Monoprix possède 24% des parts et nous 76%. »
Surtout, le Malouin mise sur le développement de sa société de construction et de rénovation Ker Bati, basée dans la zone de la Costardais, à Pleudihen-sur-Rance :
« Ker Bati est une pépite, nous avons de nombreux chantiers en cours et totaliserons bientôt une cinquantaine d’emplois. »
La folie des grandeurs ?
Reste à savoir pourquoi cette entreprise a prétendu être propriétaire du Château de Bonaban. « C’est une maladresse de communication », reconnaît Alexis Desilles qui souligne qu’Onyx avait bel et bien l’intention de le racheter, à l’époque où cette information avait été mise en ligne. Le groupe alimentaire a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre en s’intéressant à pareil domaine ?
« Non, ce n’était pas démesuré car notre plan de développement sur trois ans, avec l’enseigne Monoprix, prévoyait de gérer 60 à 80 superettes. »
Le trentenaire plaide la « jeunesse du groupe » pour d’autres erreurs de communication (par exemple sur les effectifs salariés, parfois gonflés) mais il revendique son expérience sur le terrain, ayant lui-même déjà géré deux commerces de proximité.
(1) Monoprix fait partie du groupe Casino, lui-même en difficultés.
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