Certains ont gardé leur ticket de concert sous verre. D’autres conservent les autographes du groupe au fond d’un tiroir. Il y a ceux qui n’ont rapporté que des souvenirs… Et ceux qui étaient trop jeunes pour y aller, mais à qui on a transmis la mémoire comme on relate un fait d’armes ou une apparition céleste.
Moment magique
Le 16 février 1994, Nirvana joue à Rennes, à la salle Omnisports (aujourd’hui Le Liberté), dans le cadre d’une tournée française pour promouvoir l’album « In Utero ». Ils étaient déjà passés à Rennes aux Trans musicales, trois ans auparavant, laissant tous les spectateurs ébahis. Personne ne sait que le leader du groupe, Kurt Cobain, se suicidera quelques mois plus tard : le 5 avril 1994, il y a tout juste 30 ans.
Est-ce à cause de cela que les fans entretiennent une telle nostalgie du soir du 16 février ?
« J‘ ai pas souvent pleuré pour des artistes mais quand Cobain est mort, j’ai perdu un bout de ma jeune vie », relate Stéphanie Thomas, désormais patronne de l’Antipode. Dans la fosse, luttant pour rester debout malgré les pogos dans tous les sens, elle profite à fond de ce groupe qu’elle a découvert à la radio et applaudi lors de Trans (ses premières !). Nirvana, elle connaît par cœur, « Smells like teen spirit » est intimement lié à ses 17 ans. Encore aujourd’hui, elle conserve précieusement son ticket de l’Omnisports…
Sur Facebook, un groupe est dédié à l’événement : « Concert Nirvana Rennes 1994 ». Chacun échange ses souvenirs, tire les fils de plus en plus ténus de ce moment magique. Comme si on pouvait retenir entre ses doigts un petit souffle d’esprit adolescent, comme si retracer ces heures aidait à expliquer le geste tragique de l’idole.
Maëlle Gerard faisait partie des plus jeunes. « J’avais entre 13 et 14 ans, mon cousin m’accompagnait, 1,95 m, pratique pour monter sur ses épaules… »
Sa mort, « un énorme choc »
La soirée de 1994 a marqué la mémoire collective des Rennais. Elle a ses épiphanies (le moment où certains ont pu monter dans le tour bus et serrer la paluche des artistes), ses héros (Guillaume, 19 ans à l’époque, à qui Kurt Cobain a offert sa Stratocaster sur un coup de tête), et même ses reliques (un médiator trouvé par terre, le pass All-Access, un bootleg enregistré à l’arrache et désormais vendu 150 € sur Internet…).
Benoit Le Bigot était parmi les derniers à quitter la salle. « Je me souviens avoir attendu longtemps. C’était vers 0 h 30. Les vigiles étaient partis. Il n’y avait presque plus personne dans la salle. Une poignée de fans à attendre dehors. J’ai d’abord vu Dave qui nous a fait signe de rentrer pour discuter avec lui, puis Kris qui m’a impressionné par sa grande taille, Pat et, enfin, Kurt avant de monter dans le bus. Une telle soirée, on s’en souvient toute sa vie ».
J’ai un souvenir précis de ce concert avec un son parfait, non saturé, parfaitement audible, un vrai bonheur
Éric Pannetier garde « un souvenir précis de ce concert avec un son parfait, non saturé, parfaitement audible, un vrai bonheur. Et, en plus, quelque temps plus tard, j’ai trouvé à la braderie Verdun un enregistrement intégral de ce concert sur une K7… Évidemment, j’ai acheté… »
Tony Be Goode, non plus, n’a jamais oublié : « En 1994, j’avais les cheveux mi-longs gras, la peau Biactol et je pense que mon appareil avait été ôté depuis peu, je portais des jeans déchirés et une chemise de trappeur à carreaux bleus et noirs… Cela fait des mois que nous avions les places. On faisait des paris pour savoir quelle chanson ils allaient jouer en premier… » Et surtout, « on remerciait l’organisation des Trans de les avoir invités en 1991 ; sans quoi, ils n’auraient sûrement pas donné à Rennes l’un de leurs tout derniers concerts ».
Kurt était un mec vraiment chouette, un garçon très discret, très zen et très sympa
Dans la salle, justement, se trouvait Jean-Louis Brossard, patron des Trans Musicales, qui avait été l’un des premiers, en 1991, à inviter la formation américaine en France. À l’occasion des 25 ans du décès de Kurt Cobain, il racontait au Télégramme : « Après leur second passage à Rennes, ils sont partis en Italie et après, Kurt est mort. J’ai appris son suicide dans le journal. C’était atroce. Ce fut un énorme choc. Kurt était un mec vraiment chouette, un garçon très discret, très zen et très sympa. Il parlait tout doucement et il n’était pas du tout dans l’excitation ».
« C’est un type qui a été profondément malheureux. Je pense qu’il a été abusé quand il était gamin. Comme il avait des problèmes d’estomac, il a pris pas mal d’héroïne pour calmer ses douleurs. Il a subi beaucoup de souffrances dans sa vie… Malgré la présence de sa copine, Courtney Love, la naissance de son enfant, cela n’a pas été suffisant pour qu’il reste en vie. La disparition de Kurt Cobain fut une grosse perte pour la musique ».
Cet article, qui traite du thème « Ille-et-Vilaine numérique », vous est délibérément offert par web-ille-et-vilaine.com. La raison d’être de web-ille-et-vilaine.com est de parler de Ille-et-Vilaine numérique dans la transparence la plus générale en vous procurant la visibilité de tout ce qui est publié sur ce sujet sur le web La chronique a été générée de la manière la plus honnête que possible. S’il advenait que vous projetez d’apporter quelques notes concernant le domaine de « Ille-et-Vilaine numérique » vous avez la possibilité de d’échanger avec notre rédaction. Dans peu de temps, on mettra en ligne d’autres informations pertinentes autour du sujet « Ille-et-Vilaine numérique ». Ainsi, consultez régulièrement notre site.