Il intrigue forcément ce Mont-Dol (Ille-et-Vilaine), émergence de 65 mètres de haut – ce qui n’en fait pas une montagne ni le plus grand sommet du pays de Saint-Malo – au beau milieu de plaines et du marais dolois.
Mammouths, rennes, bisons
« Les hommes de Néandertal avaient choisi ce promontoire qui permet de voir à des kilomètres à la ronde pour observer les animaux à chasser : mammouths, rennes, bisons, etc. » raconte Jean-Jacques Chartier, passionné par la petite commune du Mont-Dol depuis son arrivée, avec son épouse, en tant qu’enseignants, en 1977.
Il a foulé maintes fois le sol de ce lieu qui a vue sur le mont Saint-Michel, Cancale etc. Et compulsé bien des archives et des livres pour percer les mystères de ce site.
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Une chapelle et une vierge Marie
Que de légendes, propres aux lieux, nous racontent les luttes entre le diable, souvent tourné en ridicule et Saint-Michel. Mais aussi que de supputations, voire d’affirmations sur les cultes qui s’y seraient succédé. Aujourd’hui, le sommet est piqué d’une minuscule chapelle et d’une tour surmontée d’une statue de la Vierge Marie où les fidèles viennent encore en procession le 15 août.
Des taureaux sacrifiés ?
Récemment, deux chercheurs ont publié un ouvrage consacré au culte qui aurait été voué à Mithra, divinité perse, sur le Mont-Dol. Jean-Jacques Chartier est de ceux qui ont informé les deux auteurs sur le sujet. Pour un résultat qui se veut très prudent, à l’image de l’instituteur retraité.
Sur des cartes postales comme sur certaines brochures ou encore Internet, il est fait état d’un temple taurobolique. Des sacrifices de taureaux auraient eu lieu pour vénérer Mithra, un Dieu perse (ancien Iran) importé par les Romains qui étaient polythéistes. Cela est souvent émis comme une vérité mais rien ne l’atteste en fait.
Des vestiges antiques
Comme on peut le lire plus loin, c’est l’abbé Rever, professeur au collège de Dol-de-Bretagne qui, avec deux autres collègues, découvrit, en 1778, des vestiges antiques dans la chapelle en ruines, à l’occasion de la coutumière sortie scolaire du jeudi.
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« Il constate que les pierres des deux autels chrétiens sont creusées, ce qui leur donne l’aspect de passoires : ces trous ont été bouchés par du plâtre. Il découvre aussi deux ouvertures à l’opposé du bâtiment qui donnent accès sous les autels. L’érudit qui maîtrise la langue latine évoque la possibilité que des initiés se glissaient dans ces orifices et étaient aspergés du sang d’un animal s’écoulant à travers l’autel-passoire. La façon dont les pierres ont été taillées, la présence de ‘ciment romain’ font dire à l’abbé Rever que le temple est bien antique. Il réalise des plans qu’il fait certifier par des conseillers municipaux. Il n’a rien d’un mythomane. »
Où sont les vestiges ?
Le hic, c’est qu’il ne subsiste rien des vestiges découverts par le curé, sinon, justement ses plans : la chapelle de cette époque n’existe plus. Et c’est sur la foi de son témoignage que d’autres ont repris et propagé l’idée d’un culte taurobolique.
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Sans renier l’hypothèse totalement, Jean-Jacques Chartier constate que l’abbé Rever mit lui-même quelques objections – passées inaperçues – dans ses écrits : « Il note qu’aucun adulte n’aurait pu se glisser sous les tables et que l’autel n’aurait pas supporté le poids d’un taureau. Il suggère cependant que l’initié aurait pu se contenter de passer sa tête et que le sacrifice d’un veau de lait ou d’un bélier aurait fait l’affaire. Il reconnaît aussi que, nulle part, on n’a trouvé d’autel passoire dans le monde latin même si les Romains vénéraient Mithra, dans des temples privés. Comment cependant expliquer la présence d’un autel taurobolique sinon par une religion orientale ? »
Des chercheurs récusent aussi l’existence de ce culte de Mithra, n’en trouvant aucune autre trace en Bretagne.
Des fouilles nécessaires
Il faudrait des fouilles archéologiques sur le Mont-Dol, estime Jean-Jacques Chartier, pour voir s’il s’y trouve les fondations d’un temple antique. Qui aurait pu être voué à une autre divinité orientale, comme Cybèle (la mère des dieux), par un culte qui sacrifie non des taureaux mais des béliers, moins imposants !
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Ce dont est plus certain le Mont-Dolois, c’est que la chapelle visitée par Rever était très ancienne puisqu’un document atteste qu’elle fut donnée à l’abbaye du mont Saint-Michel en 1158 par l’archevêque de Dol, Hugues Le Roux. Avait-elle succédé à un temple antique ? La prudence demeure.
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