« And here we are ! » Un large sourire illumine le visage de Debbie Schaffler-Rouault, accueillie à Fougères (Ille-et-Vilaine) pour quelques jours par un cousin (très) éloigné, Henri-Pierre Rouault.
Un cousin qu’elle n’avait encore jamais rencontré, elle qui vit toujours en Alberta, une province du centre du Canada.
Point commun entre Henri-Pierre Rouault et Debbie ? Un couple de Bretons, François Rouault (1869-1951) et son épouse Marie, née Crosnier (1875-1965). Deux Bretons qui émigrèrent au Sakatchewan, une autre province du Canada, en 1904, et qui étaient leurs ancêtres.
A bord avec les terres-neuvas
C’était il y a cent vingt ans. « Dans les années 1900, la Bretagne rurale était très pauvre, avec beaucoup d’enfants que l’on destinait à l’Eglise, à l’Armée, ou à la ferme familiale », explique Henri-Pierre Rouault.
Quant aux autres enfants, il fallait bien qu’ils fassent autre chose.
La famille Rouault était implantée en Ille-et-Vilaine, à Saint-Symphorien.
Du lieu-dit La Thébaudais, les Rouault essaimèrent « vers les vignes du Bordelais, d’autres dans la plaine de Caen pour y faire des céréales, d’autres aussi vers Langouët, et au Canada en 1904. »
Parmi ces derniers se trouvaient François, son épouse Marie et leurs deux enfants. Ils quittèrent leur boulangerie de Montauban-de-Bretagne pour la grande traversée.
L’abbé Paul Le Floch, missionnaire au Canada, avait organisé lors d’un séjour en Bretagne cette migration, où des terres étaient à prendre. « Trois cents personnes qui embarquèrent à Saint-Malo, à bord d’un bateau de terre-neuvas, le Malou », raconte Henri-Pierre Rouault.
Terre Neuve fut leur première destination, mais le voyage se poursuivit à bord jusqu’à Halifax, avant de prendre le train pour Prince Albert, au Saskatchéwan.
86 hectares à défricher pour créer Saint-Brieux
Après de nombreuses péripéties, les Rouault et soixante-dix Bretons se virent attribuer des lots de 86 hectares de terre à défricher, dans un village baptisé Saint-Brieux (à la suite d’une erreur de graphie, le c devint un x !).
En pleine Fransaskoisie, une région où les colons français étaient nombreux.
Mais François Rouault était boulanger, pas paysan. Construire leur première cabane était déjà une épreuve, dans une région difficile, neigeuse, froide…La cabane prenait l’eau ! Heureusement tout le monde s’entraidait. Ils commencèrent aussi par édifier une église, dont le village conserve toujours la première cloche.
Beaucoup de migrants songèrent d’ailleurs à rentrer en Bretagne. Mais comme ils n’en avaient pas les moyens, il fallut bien s’adapter et y bâtir une nouvelle vie.
En 2023, le village de Saint-Brieux existe toujours. Environ 400 personnes y vivent.
Et la famille Rouault (François, Marie, leurs deux premiers enfants et deux autres nés au Canada), a fait souche.
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Retour à Montauban-de-Bretagne
Des années plus tard, Henri-Pierre Rouault s’est rendu à Saint-Brieux, une première fois à la fin des années 1980, alors qu’il vivait aux Etats-Unis. Il y est retourné il y a six ans et a renoué quelques contacts.
Et puis l’éclosion d‘Internet et des réseaux sociaux lui a permis de découvrir beaucoup d’autres descendants de François et Marie Rouault.
« Debbie, je l’ai contactée par Facebook », se souvient-il. François et Marie étaient ses arrière-arrière grands parents, François un arrière-arrière grand oncle d’Henri-Pierre. « Ce qui fait de nous des arrières-arrières-petits cousins. »
Lors de son passage en Bretagne, Debbie a découvert La Thébaudais, à Saint-Symphorien, ainsi que la boulangerie où travaillèrent ses arrière-arrière-grands parents.
La boulangerie a survécu jusqu’à il y a une dizaine d’années, et est désormais un commerce de vêtements. Mais, là où le boulanger appelé à devenir paysan au Sakatchewan œuvra, le local de l’ancien four subsiste toujours.
Comme une borne marquant le début de l’épopée des Rouault vers le Canada.
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