Agressions sexuelles : un Ehpad rennais dans la tempête

, Agressions sexuelles : un Ehpad rennais dans la tempête

De l‘ancien couvent de la Solitude, il ne reste pas grand-chose si ce n’est le parc que l’Ehpad Les Roseraies met en avant sur son site Internet. Cet ancien nom n’aura jamais été autant d’actualité durant l’année 2020 pour les résidents. En pleine pandémie de Covid, les familles ont interdiction de s’approcher de leurs proches. Impossible d’imaginer ce qui se passe dans cette institution rennaise, propriété du groupe DomiDep.

Le 5 juin 2020, la torpeur de celle-ci est bouleversée par une descente de policiers. Thierry H., l’homme à tout faire de l’Ehpad, est interpellé sur son lieu de travail. À son domicile, dans un sac-poubelle, les enquêteurs saisissent, notamment, des sextoys et du matériel informatique. Dans la mémoire de celui-ci, ils parviennent à récupérer des images où il fixait les agressions sexuelles que les policiers le soupçonnent d’avoir fait subir à au moins trois résidentes de l’établissement. Des victimes très âgées, souffrant d’une extrême dépendance et, pour certaines, de pathologies dégénératives.

Que s’est-il passé ?

À l’issue de sa garde à vue, le 17 juin 2020, l’homme à tout faire est placé en détention provisoire. Le 20, il est licencié. Le 10 août, il est renvoyé devant le tribunal judiciaire, qui, cas rare, se révèle incompétent. La magistrate estime l’enquête menée trop incomplète pour être jugée. Les investigations doivent être creusées. Une information judiciaire est ouverte.

Présumé innocent, Thierry H. est aujourd’hui toujours mis en examen pour des faits de voyeurisme et d’agressions sexuelles aggravées. La date de son nouveau renvoi devant le tribunal judiciaire n’est pas encore connue. Les familles des victimes, elles, continuent de s’interroger. Que s’est-il passé aux Roseraies ?

Homme à tout faire

Il faut remonter le fil pour tenter de comprendre comment cet homme, salarié de l’Ehpad depuis 22 ans, sans antécédent judiciaire connu, a-t-il pu se retrouver soupçonné d’avoir abusé de vieilles dames incapables de consentir à quoi que ce soit. Né en 1961, de taille moyenne, les yeux bleus, Thierry H. est connu pour son caractère jovial. Il est apprécié par ses collègues, selon la direction actuelle de l‘établissement. L’un des rares hommes à évoluer dans un univers féminin. Chargé des réparations en tout genre, il circule dans les chambres pour y mener des menus travaux : changer une ampoule, réparer un radiateur, une fenêtre… Thierry H. n’a pas de supérieur hiérarchique direct. Il doit consigner ses interventions dans un cahier des charges.

Le 10 janvier 2020, à 14 h, la dame de compagnie de madame L. rentre dans sa chambre. Selon nos informations, Thierry H. est alors affairé à revisser une applique avant de sortir. Madame L. est allongée sur son lit. En remettant sa couverture, sa dame de compagnie se rend compte qu’elle est à moitié nue. Questionnée, la résidente explique que c’est l’ouvrier qui lui a baissé ses sous-vêtements. Elle évoque notamment des attouchements, à l’aide de gants en plastique. La famille est informée. Mme L. souffre de problèmes d’ouïe et de vue. Sa mémoire reste très bonne, selon ses proches. Les faits qu’elle confie se seraient répétés entre juillet 2018 et janvier 2020. La direction prend connaissance de ces éléments le 13 janvier 2020.

Mise à pied

Madame L. est vue par une psychologue le 14 puis par un médecin le 16 janvier. Du fait de son grand âge, elle n’est pas toujours très précise. Le personnel médical évoque sa difficulté à différencier la réalité de ce qui se passe dans son sommeil. « Les personnes âgées que nous hébergeons ont parfois des pathologies psychiques ou psychiatriques et sont extrêmement dépendantes, explique la direction actuelle de l’Ehpad Roseraies. Cela peut rendre difficile, parfois, l’évaluation de la réalité des faits. »

Thierry H., lui, est convoqué par une cadre de santé dès le lendemain de l‘événement. Selon la direction actuelle, il lui est signifié qu’il ne peut désormais plus rentrer dans les chambres des résidents sans accord d’un encadrant. Le 23 janvier, le directeur de l’Ehpad, de retour de congé, le met à pied 15 jours, à titre conservatoire. Devant son directeur*, Thierry H. nie les faits. L’Agence régionale de santé (ARS) est prévenue. Un signalement est reçu par le Parquet le 4 février.

En l’absence d’autres éléments, l’homme à tout faire revient dans l’établissement le 12 février, à l’issue de sa mise à pied. L’interdiction de rentrer dans les chambres est-elle maintenue ? Oui, selon la direction de l’établissement. Une affirmation contredite par d’autres sources. Parmi les salariés, son retour ne suscite pas l’émoi. À l’interne, les causes de sa mise à pied ne sont pas connues. Pourtant, le doute s‘immisce. Une enquête a été ouverte. Fin mars, juste après le confinement, des infirmières de l’établissement sont convoquées au commissariat. Les investigations menées sur les données informatiques ont permis d’identifier formellement deux autres résidentes de l’établissement : Mme P. et Mme B. Une troisième résidente apparaît sur les supports, sans pouvoir être identifiée. Face au juge d’instruction, Thierry H. maintient ses dénégations. Soumis à ses propres images, il reconnaît néanmoins certains faits. Contacté, son avocat ne souhaite pas s’exprimer sur ce dossier.

Combien de victimes ?

Outre la question de la parole de ce type de victime, les faits présumés interrogent les familles. Y’a-t-il eu d’autres cas ? D’autres alertes ? La procédure fait ressortir une plainte datée de 2007. Une stagiaire tout juste majeure, présentant un handicap, l’avait mis en cause pour des faits d’exhibition sexuelle. Soutenu par sa direction de l’époque, Thierry H. les a toujours niés. Et la jeune femme ne se serait pas présentée à la confrontation organisée par la police. L’affaire en était restée là.

Autre élément, lors de sa garde à vue, l’ex-salarié a indiqué qu’une des agressions photographiées serait intervenue quelques jours seulement avant son placement en garde à vue. Soit quatre mois après son retour au sein de l’Ehpad. À l’instar de trois familles de victimes, la SAS Les Roseraies s’est portée partie civile.

* La direction de l’établissement a changé. Contacté, le directeur de l’époque n’a pas donné suite.

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