14-Juillet : les feux d’artifice sont toujours disponibles au marché noir

, 14-Juillet : les feux d’artifice sont toujours disponibles au marché noir

Les policiers multiplient les saisies d’articles pyrotechniques acheminés vers la France depuis la République tchèque ou la Pologne, via l’Allemagne.

«Un vrai marché noir» : alors que l’État a interdit la vente «d’engins pyrotechniques» pour le 14 juillet, les feux d’artifice, très prisés par les émeutiers, restent disponibles sur un marché parallèle.

«120 euros les dix mortiers, 30 euros les 2 mortiers. Envoie (sic) dans toute la France. 30 euros minimum de commande,» peut-on lire sur une boucle Telegram «Mortiers/pétard», où sont également diffusées des photos et des démonstrations vidéos des produits.

Promotions

Sur des comptes Snapchat et Telegram, les vendeurs de fusées proposent, avec les mêmes codes que les trafiquants de drogue, des menus par produits et des promotions pour les plus grosses commandes, souvent des fusées de la marque «Tropic», l’une des grandes enseignes polonaises (avec «Jorge») qui dominent le marché. «Il y a le développement d’un marché parallèle», confirme à l’AFP Thibaut Prévot, gérant de la société française Jacques Prévot Artifices, à la fois importateur et vendeur de feux d’artifice.

Le gouvernement a interdit «jusqu’au 15 juillet inclus, la vente, le port, le transport et l’utilisation d’articles pyrotechniques et artifices de divertissement sur l’ensemble du territoire national». Un décret qui affaiblit «considérablement» la filière, tout en passant à côté du «véritable problème du marché noir», ont fait valoir quatre distributeurs spécialisés dont Jacques Prévot Artifices, qui ont saisi le Conseil d’État. Pour les artificiers, ce décret va «renforcer le marché noir et les importations illégales vers lesquelles, c’est un fait nouveau, de nombreux consommateurs se sont tournés de manière croissante ces derniers temps», ont-ils ajouté.

150.000 mortiers saisis

Aux aguets, les policiers multiplient les saisies d’articles pyrotechniques acheminés vers la France depuis la République tchèque ou la Pologne, via l’Allemagne. À la suite d’exploitation de renseignements, pas moins de 1,5 tonne de ces artifices a été interceptée entre le 5 et le 7 juillet à travers toute l’agglomération parisienne. Selon les informations du Figaro , l’un des «passeurs» avait été rémunéré 2000 euros pour faire le voyage.

De leur côté, les gendarmes, à la faveur d’un contrôle effectué dans le camion d’un transporteur polonais, ont saisi le 5 juillet à Guichen (Ille-et-Vilaine) 2,7 tonnes d’engins pyrotechniques susceptibles de se transformer en armes contre les forces de l’ordre. Depuis la place Beauvau, Gérald Darmanin a révélé mercredi 12 juillet que plus de 150.000 mortiers ont été saisis à travers le pays depuis le 27 juin dernier. Pour mémoire, pas moins de 900 policiers, gendarmes et pompiers ont été blessés lors de cinq jours d’émeute. Les douaniers, de leur côté, surveillent le fret postal et le fret express qui sont présentés, de source informée, comme un « second vecteur d’approvisionnement lié à des commandes passées sur internet. »

Des réseaux connus depuis 15 ans

Depuis décembre 2021, les vendeurs doivent signaler au ministère de l’Intérieur tout achat suspect d’artifices et tenir un registre de leurs ventes des 18 derniers mois à la disposition de la police et de la gendarmerie. «Ces obligations font fuir les malintentionnés. Ceux-ci vont donc se rapprocher de vendeurs un peu moins consciencieux», ajoute-t-il, comme «un commerçant pas au courant des réglementations». «Mais il y en a de moins en moins», souligne-t-il.

Ou comme des vendeurs qui vont acheter des fusées dans les pays de l’Est et les importer «dans les zones urbaines françaises pour les vendre au détail, de téléphone portable à téléphone portable en quelques heures», ajoute Thibaut Prévot. Selon lui, un tel délai est impossible à tenir pour son entreprise qui ne peut livrer que sous 8 à 10 jours. Ces réseaux, «on les connaît dans la profession depuis une quinzaine d’années mais ils ont été mis en lumière avec les événements récents», souligne le professionnel, en allusion aux violences urbaines qui ont touché diverses villes de France fin juin et début juillet.

«Pas d’histoires»

Le ministère de l’Intérieur surveille ces importations et a demandé aux préfets, dans un télégramme du 6 juillet consulté par l’AFP, le contrôle systématique des véhicules dans les départements frontaliers pour «prévenir l’importation d’articles destinés à un usage illégal». «J’ai vidé ma vitrine, j’ai tout rangé», annonce Christian, le gérant de Pyrofolie’s à Paris, un magasin spécialisé dans la vente des feux d’artifice. Dès le début des émeutes, le gérant a dû faire face à une demande avec «de nombreux appels» l’interrogeant sur ses stocks de feux d’artifice encore disponibles.

«Moi, je ne veux pas d’histoires. La police passe souvent chez nous, on a de bonnes relations et, civiquement parlant, je ne souhaite pas que ce soit utilisé pour ce genre de choses», ajoute Christian qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. Cette décision qu’il a prise par civisme pourrait lui coûter cher : le gérant table sur un manque à gagner «entre 5000 et 10.000 euros» – même s’il n’a pas encore fait de chiffrage exact.

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